Les brillantes années de Shanghai


Le cinéma est venu très tôt en Chine. La première projection publique (de films Lumière) a eu lieu à Shanghai dans un jardin le 11 août 1896. L'année suivante c'était le tour des films Edison – et cette fois dans des maisons de thé. Les premières salles de cinéma ouvrent dès 1903, toujours à Shanghai. En 1905, un studio de photographie de Pékin commence à filmer en extérieurs des extraits d'opéras chinois. En 1911 est tourné le premier vrai film d'actualité, «La Révolution à Wuhan» par Zhu Liankui. Le premier film de fiction, «Un couple infortuné», long métrage de Zhang Sichuan, date de 1913.
Des Chinois des Etats-Unis revenus à Shanghai fondent en 1921 la compagnie Changcheng (La Grande Muraille) en réaction contre l'image négative et caricaturale que les films américains donnent des Chinois.
En 1922, Zhang Sichuan fonde la Mingxing. Il tourne des courts métrages comiques centrés sur le personnage de Charlot, comme «Le roi des clowns visite la Chine». D'abord joué par un acteur anglais, le rôle de Charlot sera ensuite interprété par un Chinois.
Une autre compagnie, la Minxin, est fondée à la même époque par l'acteur et scénariste Li Minwei qui tourne des reportages d'actualité, lesquels seront réunis en 1927 sous le titre de «Les batailles de l'armée révolutionnaire sur terre, mer et air» et produit des films d'opéra et des longs métrages de fiction. L'un d'eux, «La rose de Pushui», réalisée par Hou Yao, est montré à Paris en 1928 par le fameux Studio 28 en même temps que deux autres films chinois, «Le poète du bout du monde» et «La rose ressuscitée», également écrits et réalisés par Hou Yao.
Entre 1928 et 1930, Zhang Sichuan tourne les 18 épisodes du sérial d'arts martiaux (wuxia) «Incendie au temple du Lotus Rouge» qui connaît un grand succès et va déclencher une vogue qui n'est pas près de s'éteindre et qui par la suite sera surtout vivace à Hong-Kong.

La Lianhua
1930 est une grande date pour le cinéma chinois. C'est l'année où sort le premier film de Sun Yu, «Rêve de printemps dans l'antique capitale» (film aujourd'hui disparu) produit par Li Minwei associé à Luo Mingyou, jeune propriétaire d'un réseau de salles de cinéma. Le succès du film permet la fondation d'une nouvelle compagnie, la Lianhua, qui absorbe plusieurs petites compagnies dont la Minxin de Li Minwei. L'actrice principale du film, Ruan Lingyu, âgée de 20 ans, devient aussitôt célèbre. Elle avait déjà tourné pas mal de films depuis ses 16 ans et va devenir le modèle et l'icône des «femmes nouvelles». La Lianhua refuse les films de pur divertissement (fantastique, arts martiaux) qui ont caractérisé la fin des années 20. On veut faire des films réalistes, traitant de vrais problèmes sociaux, montrant la vie des ouvriers et des paysans, s'intéressant à la condition des femmes. Cette ambition attire les intellectuels progressistes dont plusieurs sont membres de la Ligue des écrivains de gauche, fondée en 1930. La Lianhua devient ainsi très vite une pépinière de talents où affluent jeunes cinéastes inventifs et enthousiastes, scénariste doués, acteurs brillants. En sept ans, 94 films y seront produits.
Ces gens de gauche qui ont travaillé pour la Lianhua n'étaient pas tous communistes, loin de là. D'ailleurs le parti communiste chinois a par la suite vivement critiqué les films de la Lianhua, parce qu'ils étaient trop pessimistes et parce qu'ils oubliaient la lutte des classes – pensez qu'on pouvait y trouver, quelle horreur! de «bons» riches ou des fils de famille sympathiques!

Le cinéma de cette époque en Chine est encore majoritairement muet. Certes, le premier film «sonorisé» (La chanteuse Pivoine Rouge) est sorti dès 1930. Mais pendant plusieurs années encore la plupart des films produits, et surtout la plupart des films de qualité, continueront à être muets. Pour des raisons économiques d'abord (c'est moins cher). Puis à cause du problème des langues (tout le monde ne comprend pas le mandarin dans l'Empire du Milieu). Enfin parce que le cinéma muet a atteint un niveau de qualité artistique que le parlant est encore bien loin d'égaler.

Quelques chiffres:
1932: 34 films muets, 22 films parlants
1933: 75 films muets, 9 films parlants
1934: 64 films muets, 12 films parlants
1935: 23 films muets, 29 films parlants
1936: 9 films muets, 33 films parlants
1937: 2 films muets, 52 films parlants
Après cette date, il n'y aura plus de films muets.

Trois réalisateurs
Le Shanghai des années 30 est une ville cosmopolite ouverte aux influences occidentales et qui abrite sur son territoire plusieurs concessions étrangères. Les films américains et européens y sont vus par le public cultivé. En 1936 il y a 44 salles de cinéma à Shanghai (contre 8 à Pékin) dont la plus grande a 3000 places. Il y a un réel intérêt pour le cinéma, y compris parmi les intellectuels. Tous les grands quotidiens de Shanghai ont un supplément cinéma avec des critiques de films et pas seulement des reportages sur la vie des stars. Cela explique en partie pourquoi c'est Shanghai et non Pékin qui a été le centre du cinéma chinois, qui a vu se développer une floraison extraordinaire de bons films, voire de grands films dont certains sont suffisamment originaux, puissants et beaux pour mériter une audience internationale et se comparer aux meilleurs films américains, japonais, européens ou soviétiques de l'époque.

Parmi les réalisateurs, trois noms émergent:
Sun Yu (1900-1990). Après avoir étudié à Pékin la peinture, la musique et le théâtre, il reçoit en 1923 une bourse d'études qui lui permettra de passer trois ans aux Etats-Unis, à l'Université du Wisconsin puis à New York où il apprend les techniques du cinéma. A partir de 1930 il travaille pour la Lianhua et réalise juqu'en 1936 une dizaine de films, tous remarquables. Il faut citer un film de 1933: «Le petit jouet» (Xiao wanyi) avec deux des meilleures actrices de l'époque: Ruan Lingyu et Li Lili, l'une jouant la mère de l'autre alors qu'elle avait à peine 23 ans! A la fin, la plus jeune est tuée lors du bombardement de Shanghai par les Japonais (qui avait eu lieu l'année précédente). Puis «La reine du sport» (Tiyu huanghou) en 1934 dont le sujet est très moderne: une jeune fille riche (jouée par Li Lili) devient une championne de gymnastique fêtée et courtisée et le succès lui monte à la tête. Pour lui remettre les pieds sur terre, il faudra la mort d'une amie qui a trop présumé de ses forces. Toujours en 1934, «La grand route» (Da lu), sans doute son film le plus connu. Des ouvriers construisent une route stratégique pour l'armée chinoise; parmi eux, un groupe d'amis (un étudiant, un voleur, un rêveur, un joyeux drille...) et deux jeunes filles serveuses dans le restaurant du chantier. Le film est tourné en décors naturels, sur un vrai chantier, parmi de vrais ouvriers auxquels sont mêlés des acteurs qui jouent les personnages centraux. Le début est assez gai et la fin dramatique: tous les amis sont tués au cours d'un bombardement japonais sauf une des jeunes filles. Le film est «sonorisé» pour permettre d'introduire des chansons et de la musique mais les dialogues restent muets et expliqués par des intertitres.

Cai Chusheng (1906-1968). Né dans une famille très pauvre, il commence à travailler à l'âge de 12 ans. Sa famille le marie contre son gré et il quitte sa femme en 1927 pour aller s'établir à Shanghai. D'abord assistant, il tourne en 1932 pour la Lianhua son premier film en tant que réalisateur. 1934 est une grande année pour lui, celle de ses deux meilleurs films. «Le chant des pêcheurs» (Yu guang qu), primé l'année suivante au Festival de Moscou et qui obtient en Chine un franc succès. C'est l'histoire de deux jumeaux, un garçon et une fille (Petit Singe et Petit Chat) et de leur frère de lait Ziying, qui traversent beaucoup d'aventures et de malheurs mais qui se trouvent réunis à la fin. Il n'existe plus aujourd'hui de ce film qu'une copie incomplète. «Femmes nouvelles» (Xin nüxing) a été le dernier rôle de Ruan Lingyu qui est là une jeune femme professeur de chant. Abandonnée par son mari, harcelée par son proviseur, elle finit par se suicider. Mais elle avait écrit un livre, qui est publié.

Shen Xiling (1904-1940). De famille aisée, il étudie au Japon les beaux-arts et le théâtre. De retour en Chine il fait du théâtre militant dans les écoles et les usines tout en enseignant les beaux-arts à l'Université. Il adhère en 1930 à la Ligue des écrivains de gauche. En 1931 il entre à la Mingxing comme assistant et fait ses débuts de réalisateur la même année.Parmi ses films muets le plus intéressant est «La batelière» (Chuanjia nü, 1935) qui se passe à Hangzhou (ville dont il est originaire) et s'inspire d'un fait-divers dont il a été témoin dans son adolescence.
Une jeune fille qui aide son père batelier est courtisée par deux hommes, un ouvrier et un artiste peintre. Ce dernier veut faire d'elle son modèle. L'ouvrier participe à une grève et il est arrêté. Le père meurt. La jeune fille accepte alors le travail chez le peintre mais parce qu'elle refuse ses avances il la vend à un bordel...
En 1937, Shen Xiling tourne «Au carrefour», un film très important et son premier parlant. Quatre amis, diplômés sans travail , vivent à Shanghai. Zhao veut devenir écrivain et A'tang sculpteur, Xu songe à se suicider et Liu rejoint les communistes qui luttent dans le nord contre les Japonais. Zhao trouve enfin un travail comme correcteur dans un journal. Tous les matins il croise une jeune ouvrière, Yang et ils sympathisent, ignorant qu'en fait ils sont voisins. Zhao commence à écrire des articles sur des problèmes sociaux en se servant de l'expérience de Yang. Mais l'usine où travaille la jeune fille doit fermer et le journal où travaille Zhao est suspendu. Yang désirant revenir chez elle à la campagne, Zhao se désespère à l'idée de la perdre. Xu, lui, finit par se suicider. Les amis survivants et la jeune fille quittent Shanghai et décident de suivre l'exemple de leur ami communiste. On aura reconnu en partie une situation qui vient du film américain «Solitude» (le garçon et la fille qui ignorent qu'ils sont voisins). D'autres détails viennent de films japonais de Yasujiro Ozu mais toutes ces influences n'empêchent pas le film de Shen Xiling d'être original et fort et de dépeindre la réalité chinoise de 1937.
Peu après Shen Xiling quitte Shanghai pour Chongqing où il réalise un dernier film (Fils et filles de Chine). Il meurt du typhus en décembre 1940, à 36 ans.

Trois acteurs


Et d'abord deux remarquables actrices:

Ruan Lingyu (1910-1935), née à Shanghai. Son père est mort quand elle avait 6 ans, sa mère s'est engagée comme domestique pour lui payer des études. A 16 ans elle tourne son premier film. En l'espace de dix ans elle jouera dans 29 films, tous muets. Elle devient rapidement l'actrice la plus célèbre et la plus aimée du public, capable de jouer tous les rôles, prostituée ou étudiante, mondaine, mère célibataire... jusqu'à une vieille femme (à 24 ans!). Presque toujours des opprimées de la société. Envers tragique d'une radieuse carrière, sa vie privée va la conduire à sa perte. Elle s'éprend à l'adolescence d'un fils de famille gâté et irresponsable, Zhang Damin, qui vit à ses crochets. Quand elle le quitte pour le riche marchand de thé Tang Jishan, il la menece d'un procès. Mais son nouvel amant est marié, leur liaison fait scandale. Zhang Damin poursuit le couple illégitime en justice pour adultère. Les journaux à scandale font leurs choux gras de l'affaire. La veille du jugement, le 7 mars 1935, Ruan Lingyu se suicide en avalant le contenu de trois flacons de somnifères. 200 000 personnes suivent son cercueil dans les rues de Shanghai.
Elle a tourné beaucoup de bons films mais son plus beau rôle est dans «La Divine» (Shen nü) de Wu Yonggang en 1934, sublime mélodrame tout entier construit autour de sa personne. Une jeune femme se prostitue pour pouvoir élever son fils et lui payer des études. Son souteneur lui vole ses économies et les perd au jeu. Elle le tue et va en prison. C'est tout. Mais il y a Ruan Lingyu, son jeu à la fois bouleversant et sobre, l'élégance et la grâce de chacun de ses gestes, sa présence enfin. Et une mise en scène fluide et discrète qui l'enveloppe et la valorise.
Son existence a inspiré des livres, des films, des pièces de théâtre. En 1992 Stanley Kwan a retracé sa vie et sa carrière dans le film «Center Stage» où elle est incarnée par Maggie Cheung.

Li Lili (1915-2005), née et morte à Pékin. Famille d 'acteurs de théâtre proche du parti communiste. Elle débute au théâtre à 11 ans puis elle fait partie de la troupe de chant et de danse «Mingyue» (Lune brillante). Entre 1932 et 1937 elle joue dans douze films dont la moitié sont dirigés par Sun Yu (Du sang sur le volcan, L'aube, Le petit jouet, La reine du sport, La grand-route, Retour à la nature). Les jeunes cinéastes aiment son naturel et sa spontaneité. Une scène audacieuse de «La grand-route la montre en train d'observer avec gourmandise un groupe de jeunes hommes qui se baignent nus.
En 1936 elle réalise elle-même un film de propagande anti-japonaise. Elle part un an aux Etats-Unis en 1946 suivre des cours d'art dramatique à l'Université catholique de Washington, voyage qui la rendra suspecte aux yeux des communistes et causera l'arrêt de sa carrière en 1950. Cependant elle aura jusqu'à sa mort un poste de professeur à l'Institut du Film de Pékin.
Dans ses mémoires elle écrit que son temps à la Lianhua fut la période la plus heureuse de sa vie.

Et un acteur:
Jin Yan (1910-1982). D'origine coréenne, il a été l'un des plus grands acteurs de cinéma chinois des année 30. Il a tourné beaucoup de bons films (pour Sun Yu, Bu Wancang, Wu Yonggang en particulier). Il jouait souvent avec Ruan Lingyu (cinq films au moins) et avec Li Lili (deux films dont La grand-route). Malade, il a dû interrompre sa carrière en 1958.


Un musicien et un scénariste
Les musiciens avaient un rôle important dans le cinéma chinois de cette période et particulièrement Nie Er (1911-1935) qui rejoint la Lianhua dès 1932. Il organise le groupe de recherche de musique chinoise contemporaine, contribue à créer la troupe de chant et de danse «Lune brillante». En 1933 il s'inscrit au parti communiste. Mort à 24 ans (il s'est noyé accidentellement au Japon), il a eu le temps de composer un opéra, beaucoup de chants et la musique de huit films (dont La grand-route et Femmes nouvelles). Pour «Les enfants d'une époque troublée» il écrit la mélodie-leitmotiv du film, laquelle aura tant de succès qu'elle sera transformée en chant (Le chant des volontaires) avant de devenir l'hymne national chinois.

Plusieurs des meilleurs cinéastes écrivent eux-mêmes leurs propres scénarios. C'est le cas de Sun Yu, de Cai Chusheng, de Shen Xiling, de Wu Yonggang. Mais il y a aussi beaucoup de scénaristes de talent à cette époque, à commencer par Shen Xiling qui fait parfois des scénarios pour d'autres films que les siens.
Mais le plus fameux de tous, c'est certainement Xia Yan (1900-1995) qui étudia au Japon, entra au Parti Communiste en 1926 et intégra la Mingxing comme scénariste en 1932. Il travailla plusieurs fois pour Cheng Bugao, en particulier sur ses deux premiers films, les plus connus: «Le torrent sauvage» et «Les vers à soie du printemps», tous deux de 1933.
La genèse du «Torrent sauvage» est particulièrement intéressante. Cheng Bugao voulait faire un documentaire sur les inondations occasionnées par une crue spectaculaire du Yangzi et alla filmer sur place. Ses images émurent tant Xia Yan qu'il eut l'idée d'une histoire. Cheng filma son scénario, alternant dans son film fiction et documentaire.
Xia Yan fit aussi des scénarios pour Zhang Sichuan (Le marché de la tendresse, 1933, La pièce de monnaie du Nouvel An, 1937), pour Shen Xiling (24 heures de Shanghai, 1933), pour Xu Xingzhi (Les enfants d'une époque troublée, 1935).


Encore trois films marquants:

«Shanghai d'hier et d'aujourd'hui» (Xinjiu Shanghai, 1936) de Cheng Bugao.
La vie quotidienne de plusieurs familles dans un immeuble de Shanghai. Un chauffeur, un instituteur, une danseuse, un apprenti, un chômeur, tous en proie à des difficultés matérielles. L'histoire est dûe à Hong Shen, autre grand scénariste de cette époque.

«Les anges du boulevard» (Malu tianshi, 1937) de Yuan Muzhi.
L'histoire s'inspire d'un beau film américain de 1927 (L'heure suprême, de Borzage). Mais peu importe: transposés en Chine, intrigue et personnages restent vrais et originaux. Les bas-fonds de Shanghai dans les années 30. Quatre jeunes gens essaient de survivre (un trompettiste et son ami vendeur de journaux, une chanteuse et sa sœur aînée prostituée). Les acteurs ont l'âge de leur rôle: 21 ans pour Zhao Dan, 18 ans pour Zhou Xuan qui était réellement chanteuse. Il y a des éléments de comédie mais alors que le film américain finissait bien, le film chinois s'achève en tragédie.
C'est un des chefs-d'oeuvre de cette période mais c'est un film parlant.

«Le chant de minuit» (Yeban gesheng, 1937) de Ma-Xu Weibang.
C'est une adaptation du «Fantôme de l'Opéra», dont les Américains avaient déjà tourné une version en 1926. Un célèbre chanteur d'opéra se cache dans le grenier d'un théâtre abandonné. Il se fait passer pour mort mais chaque nuit il chante pour la femme qu'il aime et à laquelle il ne peut pas se montrer tant son visage défiguré inspire l'horreur et l'épouvante. C'est le père de la jeune fille qui a payé des hommes de main pour le défigurer avec de l'acide. Un jour, un chanteur débutant découvre sa retraite et le «fantôme» va lui apprendre son art. Mais voilà qu'il retrouve la trace de son agresseur, l'heure de la vengeance a sonné...
Très beau film d'épouvante (le masque hideux du fantôme, les décors ténébreux), beaucoup plus noir et terrifiant que la plupart des autres adaptations du «Fantôme de l'Opéra».

(ces deux derniers films sont parlants, de même que Au carrefour, précédemment cité. J'ai choisi de les noter ici pour ne pas avoir à revenir sur cette période du cinéma chinois)


Fin de l'âge d'or
Malheureusement cet âge d'or sera éphémère. Pas par épuisement de talents ou exils vers d'autres pays. Mais à cause de la situation historique. Dans les premiers mois de 1932, c'est la guerre à Shanghai : du 28 janvier au 3 mars, les Japonais attaquent et bombardent la ville chinoise, détruisant entre autres 16 cinémas sur 39. La résistance obstinée autant qu'imprévue de la 19ème Armée chinoise sous le commandement du général Cai Tingkai éloigne pour un temps le danger.
En 1937 les hostilités reprennent et cette fois sur une grande échelle. Le 13 août, les Japonais assiègent Shanghai. La ville tombe en novembre, c'est le début de la période dite de «l'île orpheline». En décembre la prise de Nankin donnera lieu à d'atroces massacres. En 1938, Wuhan et Canton tombent aux mains des Japonais. Le gouvernement se replie à Chongqing.
A partir de 1938 une grande partie du monde du spectacle émigre à Hankou, à Chongqing et à Hong-Kong. Mais certains, du moins jusqu'en 1941, s'établissent sur le territoire des concessions étrangères (ce qu'on appelle «l'île orpheline»), gardant ainsi une relative liberté vis-à-vis de l'occupant.
Et certes plusieurs grands noms de la période précédente continuent de faire des films. Mais, circonstances obligent, ce sont des films de combat et de propagande, ce qui n'est guère propice à la création artistique. Il y aura encore néanmoins quelques œuvres de valeur mais l'âge d'or est bien fini.


Trois films chinois modernes permettent de se faire une idée de ce qu'était le Shanghai de cette époque :
Center Stage, de Stanley Kwan (1993), sur la vie de l'actrice Ruan Lingyu, qui montre très bien les principales figures du cinéma de ce temps-là.

Lust, caution, de Ang Lee (2007), sur le théâtre étudiant et les circonstances historiques.
Shanghai Triad, de Zhang Yimou (1995) sur l'atmosphère du Shanghai des années 30 et son occidentalisation.

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