Du Lys brisé au Vent: l'âge du mélodrame à Hollywood
«Vive le mélodrame où Margot a pleuré!» (Alfred de Musset).
Voilà. Il avait tout compris, Musset: que le mélodrame, c'est fait pour pleurer, c'est fait pour les femmes (Margot), c'est positif (vive!).Bien mieux compris en tous cas que le Petit Robert qui parle de «l'invraisemblance de l'intrigue et des situations», de la «multiplicité des épisodes violents», de «l'outrance des caractères et du ton». Le Petit Robert ne voit que les mauvais mélodrames. Musset, lui, sait qu'il y en a aussi de bons. Mais j'oubliais le début de la définition du Robert: «drame populaire». Populaire. Voilà qui explique le mépris avec lequel tant de gens considèrent le «mélo».
Les gens de cinéma dans le Hollywood des années 20 n'avaient nul mépris pour les mélodrames, au contraire. Ils savaient bien que ce genre plaisait aux spectatrices et que les femmes composaient la majorité des gens qui allaient au cinéma. Au centre de ces histoires, il y a toujours une femme, à laquelle la spectatrice peut s'identifier, et donc un rôle possible et généralement intéressant pour une actrice. Ce n'est pas un hasard si les années 1920 aux Etats-Unis ont connu tant d'actrices fascinantes: c'est qu'il y avait des rôles pour elles.
Le mélodrame n'est pas un genre: c'est une catégorie. Il y a des mélodrames sociaux et des mélodrames psychologiques. Des mélodrames «noirs» et des mélodrames poétiques. Des mélodrames qui finissent mal et des mélodrames qui finissent bien. Des mélodrames dénonciateurs et des mélodrames conformistes. Ainsi de suite...
Parmi les très nombreux mélodrames qui furent tournés à Hollywood pendant les dix dernières années du muet, j'en ai sélectionné onze. Choisis parmi mes préférés et tournés pour la plupart par de bons auteurs. Tous ne furent pas des succès commerciaux mais tous ont été bien reçus par la critique et admirés à l'étranger – et même souvent copiés.
Le lys brisé (Broken blossoms, de David Wark Griffith, 1919). Avec Lillian Gish, Richard Barthelmess et Donald Crisp.
Le prologue se passe en Chine et nous montre un jeune Chinois, Cheng Huan, bouddhiste et non-violent, qui s'apprête à émigrer en Angleterre. La suite se situe quelques années plus tard. Cheng Huan a perdu ses illusions sur l' Angleterre. Il vit dans un quartier pauvre de Londres où il s'occupe d'un petit commerce. Le seul rayon de soleil de son existence est une fillette de 15 ans, Lucy (Lillian Gish), persécutée par un père boxeur et alcoolique qui la roue de coups. Il cherche à la protéger, il est le seul à se préoccuper de son sort. Leur amitié est celle de deux êtres isolés dans un environnement hostile, l'étranger (étranger par son origine, ses manières, ses vêtements, sa religion) et l'adolescente sans défense, trop douce et trop jolie. Il ne parle presque pas, elle ne sourit jamais. Autour d'eux tout est sinistre, rude, vulgaire et violent. Mais le père brutal découvrant les relations de sa fille avec cet Asiatique bizarre, en déduit qu'elle a perdu sa virginité, qu'elle est une fille perdue et finit par la tuer à force de la battre. Alors Cheng Huan oublie sa non-violence et abat le père meurtrier avant de se poignarder au moment d'être pris par la police.
Lillian Gish avait 25 ans, elle joue un personnage qui a dix ans de moins. Richard Barthelmess était un beau jeune homme américain, il joue un Chinois. Miracle des maquilleurs? Tous deux sont parfaitement crédibles. Le jeu très physique de Lillian Gish est bouleversant: quand son père exige d'elle un sourire, elle remonte avec deux doigts les commissures de ses lèvres; enfermée dans un placard et folle de peur elle tourne en rond sur elle-même.
Le décor est réduit au minimum: un taudis, la boutique d'un commerçant chinois, une rue noyée dans la brume. Tout cela admirablement photographié. Comme beaucoup de films de cette époque, le film n'est pas blanc et noir mais sépia et bleu.
Un des chefs-d'oeuvre de Griffith.
A travers l'orage (Way down east, de David Wark Griffith, 1920). Avec Lillian Gish, Richard Barthelmess, Lowell Sherman.
Anna est une jeune fille pauvre. Elle va rendre visite à ses riches cousines et se laisse éblouir par leur monde. Lennox, un homme à femmes fat et égoïste, lui fait la cour et la séduit. Il conclut avec elle un faux mariage et quand elle est enceinte, l'abandonne. Elle va se cacher à la campagne pour accoucher, mais l'enfant est malingre et il meurt. Elle trouve du travail chez un riche fermier dont on nous dit qu'il aimait surtout dans la Bible tout ce qui commence par «tu ne dois pas...». David, le fils du fermier, tombe amoureux d'Anna et souhaite l'épouser mais elle coupe court à ses rêves: «je ne peux être la femme de personne!». Apprenant la vérité sur son passé, le fermier la chasse. Elle s'enfuit dans une tempête de neige, est prise dans la débâcle des glaces et elle est sur le point dêtre emportée par une chute d'eau quand David la sauve au tout dernier moment. La fin est idyllique: le fermier lui demande pardon, David l'épouse et l'ex-séducteur, qui faisait partie des familiers de la maison, est chassé avec indignation.
Ce qui fait le prix de cette histoire, c'est son ancrage dans la réalité. La description des bals de la haute société. Le monde de la campagne, cette ferme confortable et cossue que nous apprenons à connaître dans les recoins. Le travail à la ferme. Le petit monde des voisins – qui est l'occasion de quelques scènes comiques parfois un peu lourdes. Et puis il y a Lillian Gish avec son apparente fragilité, sa grâce, l'évolution qui conduit son personnage du stade d'oie blanche ignorante et un peu stupide à celui de femme consciente et volontaire. Le film dure deux heures et demie, il y a beaucoup de personnages et l'histoire a une véritable épaissseur romanesque.
La dernière demi-heure est un morceau d'anthologie, un suspense infernal qui voit les deux héros courir sur les glaces d'un fleuve en pleine débâcle, entraînés vers une cataracte qu'on a paraît-il filmée dans les chutes du Niagara!
Une grande réussite.
L'opinion publique (A woman of Paris, de Charlie Chaplin, 1923). Avec EdnaPurviance, Carl Miller, Adolphe Menjou.
Marie et Jean vivent à la campagne et s'aiment. Leurs parents les séparent. La jeune fille part à Paris où elle se fait entretenir par un homme riche. Plus tard, Jean, venu à la capitale étudier la peinture, la retrouve. Il découvre qu'elle est devenue une courtisane et se suicide.
Cette histoire est une tragédie de l'incommunicabilité pleine de non-dits et de malentendus. Et traitée d'une façon très sobre, sans aucun effet. Célèbre est la séquence où l'arrivée et le départ d'un train ne sont montrés que par des lumières sur le sol. Le film est d'une absolue noirceur, ce qui explique sans doute son échec commercial.
Ce fut la seule œuvre dramatique de Chaplin qui n'osa jamais renouveler l'expérience.
La Chair et le Diable (Flesh and the devil, de Clarence Brown, 1926). Avec Greta Garbo, John Gilbert, Lars Hanson.
L'Europe centrale et l'amour fou. Deux officiers de l'armée austro-hongroise sont amis. Leo est l'amant de la comtesse Felicitas; mais il tue son mari en duel et doit s'éloigner quelque temps. Quand il revient il retrouve la comtesse remariée à son ami Ulrich. Il le provoque en duel puis se réconcilie avec lui. La comtesse se noie accidentellement en voulant rejoindre les deux hommes.
Tout repose sur les acteurs et en particulier Greta Garbo dont c'est probablement le plus grand rôle muet. Tout est raffiné et élégant, à commencer par les éclairages et la photo. On n'a pas le temps de penser que l'histoire est idiote. L'amour qui emporte les héros nous emporte à notre tour.
Les Moineaux (Sparrows, de William Beaudine, 1926). Avec Mary Pickford, Gustaf von Seyffertitz, Spec O'Donnell.
Ici, pas d'histoire d'amour. Les héros sont des enfants (les «moineaux»), petits orphelins «recueillis» par un fermier qui les fait travailler comme des esclaves, les maltraite, leur donne à peine à manger. L'aînée d'entre eux, Mollie, qui a 17 ans, essaie de les aider, de les consoler, de les soutenir. Des kidnappeurs qui ont enlevé une toute petite fille pour toucher une rançon, la cachent chez le méchant fermier. Par peur de la police il veut la tuer en la jetant dans les marais. Alors Mollie se révolte et fuit avec les enfants à travers les marais, un lieu de cauchemar infesté d'alligators, à la végétation inquiétante cachant des sables mouvants. Les kidnappeurs qui les poursuivent se noient, la petite fille retrouve ses parents et les «moineaux» sont finalement adoptés par un brave millionnaire.
Mary Pickford avait 30 ans quand elle a joué Mollie, mais avec ses longues nattes blondes, son vieux tablier, ses lourdes godasses, elle a vraiment l'air d'une enfant. L'autre atout du film, c'est le terrifiant marais, entièrement reconstitué en studio. Et les personnages de méchants, qui sont vraiment méchants, ont l'air de sortir d'un roman de Dickens et contrastent avec les personnages des enfants, anges aux figures sales tout à fait craquants sans parler de la petite fille, minuscule moufflette aux cheveux moussus et bouclés.
Ce film est peu connu et c'est dommage.
L'heure suprême (Seventh heaven, de Frank Borzage, 1927). Avec Janet Gaynor et Charles Farrell.
C'est à Paris. Chico est égoutier mais il a l'espoir de devenir balayeur des rues. Il rencontre Diane, tabassée par sa sœur prostituée. Il accepte de la loger quelque temps dans son septième étage sous les toits (le «septième ciel» du titre anglais), un véritable paradis pour Diane. Ils deviennent peu à peu amoureux et ne veulent plus se séparer. Mais c'est 1914 et la guerre. Chico doit partir. Ils décident que chaque jour, à une certaine heure, ils devront penser l'un à l'autre, communiquant ainsi par une sorte de télépathie. Un jour Diane reçoit la nouvelle que Chico a été tué au front mais elle ne le croit pas puisqu'elle continue à communiquer avec lui chaque jour par la pensée. Le jour de la victoire arrive, Chico circule maladroitement entre les groupes dans les rues de Paris, monte avec difficulté les sept étages, retrouve enfin Diane. Diane qui avait raison: il est vivant. Vivant mais aveugle.
Ce banal résumé permet mal de percevoir la sublime beauté du film. Le contraste entre un milieu sordide (les égouts, la prostitution, des gens haineux et intéressés) et ce «septième ciel» avec vue sur les toits de Paris et l'amour tout simple mais profond de Diane et Chico. Il y a aussi dans «L'heure suprême» une thématique religieuse: au début, Diane est croyante et Chico athée. A la fin, Chico a perdu la vue et trouvé la foi. Et puis il y a le couple Janet Gaynor-Charles Farrell, qui est bouleversant.
A propos de Borzage: il paraît que ce nom doit être prononcé Borzégui et non Borzedge comme je l'ai longtemps cru.
Lucky Star ou l'Isolé, de Frank Borzage, 1929. Avec Janet Gaynor et Charles Farrell.
Une sorte de prologue nous présente les deux principaux personnages: Tim, un électricien qui répare les poteaux télégraphiques, et Mary, une jeune paysanne un peu voleuse, un peu menteuse et surtout sale comme un peigne – rien de l'héroïne hollywoodienne classique. Vient la guerre, que Tim va faire en Europe. Quand il revient il est paralysé des deux jambes et ne peut se déplacer qu'en fauteuil roulant. Mary lui rend visite, s'occupe de lui. En échange il la dégrossit, l'oblige à se laver. Une belle séquence nous le montre lui lavant les cheveux; et elle découvre alors, tout étonnée, qu'elle a des cheveux blonds. Du coup elle met une belle robe, elle va danser. Des hommes commencent à s'intéresser à elle, un surtout qui a de sales projets et lui fait croire qu'il veut l'épouser. Par cupidité, la mère de Mary pousse sa fille à accepter ce soupirant qu'elle croit riche. Mary est sur le point de prendre le train pour la ville avec lui. Mais Tim, qui a appris qu'elle allait partir, décide de l'en empêcher. Il ne peut sortir en fauteuil roulant car il y a dehors une épaisse couche de neige. Alors il prend ses béquilles et il marche, maladroitement d'abord puis de mieux en mieux et de plus en plus vite. Quand il arrive à la gare, il jette ses cannes, il peut marcher tout seul. Miracle? Non. N'avait-il pas dit à Mary qu'il retrouverait un jour l'usage de ses jambes «pour une occasion extraordinaire»? Pas un œil de sec dans la salle. Ne riez pas! C'est sublime.
L'aurore (Sunrise, de Friedrich Wilhelm Murnau, 1927). Avec George O'Brien, Janet Gaynor, Margaret Livingstone.
Un jeune paysan se laisse séduire par une vamp venue de la ville. Il est marié à une femme douce et naïve, un peu enfantine, et la vamp réussit à le convaincre de la tuer. Il décide de la noyer, en profitant d'un voyage en barque jusqu'à la grande ville. Arrivé au milieu du lac et sur le point de mettre à exécution son sinistre projet, il flanche. Mais sa femme a deviné ce qu'il comptait faire et elle a peur, elle cherche à le fuir. Arrivés à la ville, ils se réconcilient. Suivent de merveilleuses séquences où le couple découvre la ville. Certaines sont satiriques, d'autres poétiques ou humoristiques. Le couple, en visitant ce milieu étranger qu'est la ville, apprend à mieux se connaître, à s'apprécier davantage. Quand ils reprennent leur bateau pour retraverser le lac et retourner chez eux, ils ont conscience de la solidité de leur amour. Une tempête s'élève, la barque chavire, l'homme parvient à regagner la rive à la nage mais la femme a disparu. Désespéré, il la cherche toute la nuit avec l'aide de ses voisins alertés. Quelle amère ironie! Il avait voulu tuer sa femme et maintenant qu'il a enfin compris ce qu'elle représentait pour lui, il la perd réellement. Il chasse la vamp, qui n'a été pour lui qu'une curiosité, un amour de passage. Mais la femme avait réussi à regagner le bord, elle est retrouvée et sauvée. Le soleil se lève...
Ce premier film américain de Murnau est en vérité bien peu américain. Il s'inspire d'une nouvelle de l'écrivain allemand Hermann Südermann, «Le voyage à Tilsitt», et le milieu, décor de la ville ou nature, est tout allemand. Les collaborateurs de Murnau sont pour la plupart des Allemands, que ce soit le scénariste (Carl Mayer), le chef-opérateur (Karl Strüss), le décorateur (Edgar Ullmer), le musicien (Hugo Riesenfeld). Seuls les acteurs sont Américains. Mais Janet Gaynor, qui joue l'épouse, a l'air très Allemande avec ses joues rondes et ses nattes blondes enroulées sur les oreilles. C'est peut-être la raison pour laquelle le public américain a rejeté ce film dont l'insuccès a gravement compromis la suite de la carrière américaine de Murnau.
Il est impossible, avec un vague résumé de l'action, de donner une idée de la beauté et de la puissance quasi-magique de ce film. Le début, par exemple, avec ces travellings harmonieux et «glissés» qui suivent un homme marchant dans les roseaux. Le vent dans les roseaux, la femme qui le rejoint, leur étreinte fiévreuse; dangereuses délices des amours adultères... Mais tout serait à citer dans ce film parfait qui est souvent désigné comme le plus beau de toute l'époque muette.
Les damnés de l'Océan (The docks of New York, de Josef von Sternberg, 1928). Avec George Bancroft et Betty Compson.
Un marin sauve une prostituée du suicide. Il la quitte puis revient et la blanchit d'une accusation de vol. Tout se passe en 24 heures. C'est très inspiré par le Kammerspiel et toute l'atmosphère (brouillard, nuit, pavés mouillés, jeux de clair-obscur) rappelle le style expressionniste et le cinéma allemand. Même si l'histoire est supposée se passer à New York. Les docks du titre anglais ont été entièrement recréés en studio.
Les mendiants de la vie (Beggars of life, de William Wellmann, 1928). Avec Louise Brooks, Richard Arlen, Wallace Beery.
Une jeune fille, Nancy, tue son beau-père qui voulait la violer. Pour fuir la police elle s'habille en garçon, s'associe à un jeune vagabond, Jim, et à un groupe de marginaux dominés par la figure puissante et dangereuse d'Oklahoma Red. L'aspect social n'est pas négligeable dans ce film qui nous fait pénétrer dans le monde des «vagabonds du rail» et des laissés pour compte – un monde violent. Louise Brooks déguisée en garçon, les cheveux cachés sous une casquette, acquiert une beauté androgyne qui fait encore mieux ressortir son extraordinaire séduction. Wallace Beery fait de son Oklahoma Red un personnage à la fois inquiétant et attachant. La force du film est due à un mélange de scènes très dures et de poésie.
Le vent (The Wind, de Victor Sjöström, 1928). Avec Lillian Gish, Lars Hanson, Montagu Love.
Letty est une jeune orpheline arrivant de Virginie pour habiter chez un cousin marié qui lui propose l'hospitalité. La ferme du cousin, à la limite du désert mojave, en Californie, c'est «le domaine des vents»; la nature y est rude et hostile. Les gens aussi. Jalouse, la femme du cousin exige après quelque temps le départ de Letty, qui n'a nulle part où aller mais dont deux cow-boys ont demandé la main. Elle choisit le moins répugnant mais lui impose un mariage blanc. Le vent et les tempêtes de sable qu'il soulève la rendent folle. Elle pense retourner en Virginie. Mais un jour où son mari est absent, un de ses anciens soupirants surgit. Folle de peur, elle le tue. L'a-t-il violée? Rien n'est moins sûr. Le film en tous cas ne nous en montre rien. Il semble plutôt que c'est la terreur de ce qu'il pourrait faire qui pousse la jeune femme à tuer cet homme qui s'est auparavant montré à elle sous un jour bien peu sympathique. Elle essaie de l'enterrer dans le sable. Son mari la surprend et l'aide, tous deux enterrent le corps. Elle commence à aimer son mari, décide de rester en Californie et dit qu'elle est en train de s'habituer au vent. Ce vent obsédant dont la présence hante le film. Mais comment filmer le vent? Sjöström réussit si bien ce défi que beaucoup de spectateurs sont prêts à jurer qu'ils ont entendu, dans ce film muet, siffler le vent.
Et encore une fois il y a Lillian Gish, toujours aussi fragile et vulnérable et toujours la plus forte à la fin.
Et voilà pourquoi Hollywwod est grand...