Le cinéma muet
A ses débuts, le cinéma avait seulement des images. Ce qui n'empêchait pas les dialogues, écrits sous forme de tableaux entre les images qu'on nommait intertitres, ni la musique, qu'on jouait directement dans la salle, le plus souvent sur un piano.
Ce cinéma-là, il est d'usage de l'appeler «muet». Etrange nom, si l'on y réfléchit. «Muet», donc infirme. Il lui manque quelque chose: la parole. Mais les contemporains n'en jugeaient pas ainsi. Pour eux, c'était le cinéma et ils n'en connaissaient pas d'autre. Et dans tous les pays de nombreux créateurs ont su changer en un avantage ce qui nous paraît être une limitation. Ils ont inventé des codes et une esthétique, ils ont su créer des œuvres originales et magnifiques.
Jusqu'à quelle date a duré la période muette? Si le premier film «sonore» (et non parlant!) apparaît aux Etats-Unis en 1928, cela ne signifie pas qu'on a cessé de faire des films muets au-delà de cette date. Jusqu'au milieu des années 30 de nombreux films muets ont continué à être produits dans beaucoup de pays parallèlement à des œuvres parlantes. Et même aux Etats-Unis des créateurs comme Chaplin et Murnau ont continué à faire des films muets après 1930.
L'historien du cinéma Vincent Pinel, auteur d'un ouvrage sur le cinéma muet, écrit: «Les grandes œuvres muettes projetées dans des conditions requises sont pour l'amateur de cinéma d'aujourd'hui une expérience forte et fascinante»